Cousinages célèbres

 

Jean Lefebvre de Cheverus

Archevêque de Bordeaux, Cardinal, Pair de France

 

 

 

Mayenne 1768-Bordeaux 1836

 

 

Son ascendance provient de la famille Lefebvre établie en Mayenne. Son père était juge général civil et de police à la barre ducale de Mayenne. Il effectue ses études au Collège de Mayenne. Il reçoit la tonsure en 1780, où il devient prieur de Torbéchet malgré son jeune âge. Il continue ses études à Louis-Le-Grand à Paris en 1781. Après avoir achevé ses études théologiques au Séminaire Saint-Magloire, il est ordonné diacre en octobre 1790, puis prêtre par dispense spécial le 18 décembre 1790. Refusant tout serment en 1791, il s'embarque pour l'Angleterre en 1792.

Poursuivant son apostolat, il part pour l'Amérique en 1796, et arrive à Boston. Durant son séjour, il a évangélisé les indigènes en compagnie de l'Abbé François-Antoine Matignon et «a fait des prodiges de charité en Amérique du Nord». Cheverus, bien que tout d'abord désigné à une mission chez les indiens dans le Maine, est resté à Boston pendant presque une année. Il a passé plusieurs mois dans les missions de Penobscot et de Passamaquoddy et visité les familles catholiques dispersées tout au long de son chemin. Pendant l'épidémie de la fièvre jaune en 1798 il a gagné éloge et respect pour son courage et sa charité; son prêche a été écouté par des beaucoup de Protestants -- en effet les pratiquants de l’Église de la Croix Sainte qu'il a fondé en 1803 étaient en grande partie des non catholiques.

Il est devenu évêque de Boston le 1er novembre 1810 et poursuit son œuvre de missionnaire. Louis XVIII le nomme évêque de Montauban en 1823. Il est archevêque de Bordeaux en 1826, et devient conseiller d'État. Il revient à Mayenne en mars 1836 où il est reçu avec enthousiasme. Un buste à son effigie est inauguré à Mayenne le 8 août 1844

Le lien entre les Bougrain et le cardinal de Cheverus se fait par les Corbeau.  François Corbeau, sieur de la Motte, et Marie Anne du Bailleul eurent entre autres petits enfants Renée Michelle Guesdon, épouse de Jean Michel Bougrain, et Marie Anne Brochard, dont le fils Pierre Moreau avait épousé la sœur du cardinal.

 

 

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Louis Berryer

Financier et secrétaire du Grand Conseil de Louis XIV

 

 

 

Comte de La Ferrière,

financier, secrétaire du Grand Conseil du Roi Louis XIV,
des commandements de la reine,

Conseiller d'Etat

 

 

On ne connaît pas ses ancêtres et son origine est apparemment modeste. Dans les actes authentiques, il est qualifié de loueur de masques au jeu de Paume du Mans.

 

Voici son article dans le tome VI des Filiations Bretonnes par M.J. Durand de Saint-Front. Il est né au Mans en 1615. Simple sergent royal, puis greffier des Eaux et Forêts de Domfront après son père, il fit fortune comme fermier général. Bras droit de Colbert qu’il aida à renverser Fouquet, il devint contrôleur général des Eaux et Forêts de France et Secrétaire d’Etat en 1665.

 

En 1648, il est occupé à la Forge-Neuve en Saint-Front, petite exploitation métallurgique non loin de Domfront. Il avait loué au mois dès cette date la forge beaucoup plus importante d'Halouze dont le loyer annuel était de 6 000 livres et ce fut sans doute l'origine de sa fortune, car il profita de la gène de Pierre de Pellève, propriétaire d'Halouze pour la lui racheter.

 

Il avait également traité de la presque totalité du domaine forestier royal en Normandie et le commerce du bois fut de 1655 à 1667 une de ses occupations.

Il acheta le comté de la Ferrière, plusieurs fiefs à Champsecret, la sergenterie de Domfront, la forêt de Brix, d'autres domaines à Nancy, en Bourgogne, un hôtel à Paris. On disait que son beau frère, curé de Saint-Paul à Paris, et lui possédaient plus de 40 000 livres de bénéfices.

 

Il quitta la Normandie en 1655 et fut recommandé à Mazarin qui l'initia au maniement des finances sous les ordres de Fouquet. Il entra également en relations avec Colbert. Devenu fort riche, il fut l'âme damnée de Colbert pendant le procès Fouquet et  Colbert voulut même, un moment, le charger de toute l'affaire afin de se dégager personnellement. En 1664, il faillit encourir la disgrâce du ministre et eut, dit Lefèvre-d'Ormesson, des crises de folie qui le troublèrent à plusieurs reprises.

 

Il obtient la place de Gourville comme secrétaire du Grand Conseil du Roi ; le roi l'anoblit alors. Il parvint à la charge de secrétaire des commandements de la Reine (c'était une fonction intermédiaire entre le secrétaire et le conseiller au sein d'une Maison) avec survivance pour son fils et acheta une charge de Conseiller d'Etat ordinaire.

 

C'est sous son impulsion, et grâce à Colbert, que la Dentelle est apparue et s'est développée en France. Colbert le fit ensuite nommer directeur de la compagnie des Indes, mais les opérations commerciales ne marchant guère, il se retira en Normandie. Il y fit bâtir l'église de la Ferrières, celle de Dampierre en 1676, celle de Saires en 1679, celle de Champsecret en 1681.

 

 

C'est lui, parait-il, que Boileau visait dans cette satire :

"C'est un homme d'honneur, de piété profonde"

"Et qui veut rendre à Dieu ce qu'il a pris au monde"

 

On avait parlé de lui imposer de grosses taxes et Louis XIV avait nommé des commissaires à cet effet, mais il mourut à Domfront en septembre 1686.

 

Marié à Renée Hameau en 1640, il laissa au moins cinq enfants. L'aîné était Jean-Baptiste, comte de la Ferrière, mort doyen des maîtres des requêtes, le 12 Mars 1743. Il laissa postérité avec Nicolas, Seigneur de Ravenoville, secrétaire des commandements de la reine Marie-Thérèse, procureur général du Grand Conseil qui épouse Elisabeth d’Arnollet de Lochefontaine d’où Nicolas-René, sieur de Ravenoville en Normandie, ami proche de la marquise de Pompadour à qui il doit sa brillante carrière : avocat général des brevets (1728), conseiller au Parlement (1731), maître des requêtes (1739), président du parlement, intendant du Poitou (1743), lieutenant-général de la police (1747-1757), ministre de la Marine (1758-1761), garde des Sceaux jusqu’à sa mort le 15 août 1762. Il épouse en 1738 Catherine-Madeleine Jorts de Fribois, fille d’un fermier général qui lui apporta une grande fortune.

 

 

 

Catherine-Madeleine Jorts de Fribois

 

Cette lignée de Berryer s’arrête là puisqu’ils n’eurent qu’une fille, Marie-Elisabeth, qui épousa le 4 septembre 1758 Chrétien François de Lamoignon, marquis de Bâville, baron de Saint-Yon, président à mortier au parlement de Paris, ministre de Louis XVI, Garde des Sceaux en 1787.

 

 

Chrétien-François et Marie-Elisabeth

 

 

Le couple aura 8 enfants, dont Marie-Louise-Elisabeth, qui après avoir épousé son cousin, François-Édouard  Molé, et être devenue Comtesse Molé de Champlâtreux, fondera en 1803 la Congrégation des Sœurs de la Charité de Saint-Louis, sous le nom de Sœur Saint-Louis ; elle sera déclarée vénérable en 1986.

 

La famille des célèbres avocats Berryer ne s’y rattache pas du tout malgré certaines prétentions (papiers de famille).

Le lien entre les Bougrain et le ministre Berryer se fait par les Hameau.  Marguerite Hameau, mère de Michelle Naudet qui épousa Robert Bougrain en 1610, est également sœur d’André Hameau dont la petite fille Renée épousa Louis Berryer.

 

La famille des célèbres avocats Berryer ne s’y rattache pas du tout malgré certaines prétentions (papiers de famille).

 

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Alexandre Denis ABEL de PUJOL

 

 

La famille des Pujol est originaire de l’ancienne province du Languedoc qui peut réclamer avec raison une assez haute antiquité. On trouve dans l’Histoire généalogique du Languedoc que le château d’un de ces Pujol, situé dans le Toulousain, fut assiégé, pris et rasé en 1213 par Simon de Montfort, comte de Toulouse.

La branche des Pujol établie à Valenciennes dans le XVIIe siècle  et d’où est sortie ceux qui nous occupent, a joui d’une illustration toute guerrière sous les règnes de Louis XIV et Louis XV.

 

 

Pierre-Jean de Pujol

Après avoir gagné tous ses grades militaires sur les champs de bataille et passé du rang de simple cadet à celui de brigadier des armées du roi, mourut à Valenciennes le 13 novembre 1727, décoré de divers ordres et couvert de cinquante-deux blessures dont douze reçues en défendant son étendard au combat de Maurillac, en Catalogne, où il fut laissé pour mort et relevé par les espagnols qui le firent prisonnier le 27 juin 1674.

 

Jean Baptiste Denis Joseph de Pujol

Chevalier de Pujol

Il suivit avec le même succès la glorieuse carrière parcourue par celui dont il avait reçu le jour. Il débuta comme cornette de carabiniers en 1709, arriva rapidement, par des actions d’éclat, aux premiers emplois de l’armée, fut blessé à la bataille de Fontenoy en 1745, nommé mestre-de-camp le même année et élevé au grade de brigadier des armées du roi le 1er janvier 1748. Il était Chevalier de justice des ordres militaires de Saint-Louis, de Saint Jean de Jérusalem, de Notre Dame du Mont Carmel  et de Saint-Lazare. Selon d’Hozier, il a été lieutenant-colonel  au corps des carabiniers, Major-général de l’armée de Corse, reçu chevalier de Saint-Louis en 1735 et nommé maréchal-de-camp en 1780 (tome II page 250) et mourut à Valenciennes en 1789. En Corse il était, avec de Fontette, chef d’état-major du marquis de Chauvelin, gouverneur général de Corse en 1768. Les lettres qu’il écrivit en 1785 au maréchal de Fontette rapportent assez bien une foule de cancans et la note générale de l’opinion publique lors de l’affaire du collier. Ces lettres servirent à F Audebert qui publia en 1901 L’affaire du collier de la reine d’après la correspondance inédite du chevalier de Pujol.   Il avait épousé à Valenciennes le 18 février 1727 Floride, fille de Charles-Albert Le Hardy, seigneur de Famars, ancien prévôt de la ville, qui lui donna sept enfants, dont le sixième suit. Parmi les autres, un fils,  capitaine de carabiniers et chevalier de Saint-Louis, mourut à Valenciennes le 19 novembre 1774, sans avoir pris d’alliance. Un autre d’abord abbé à Douai, prit ensuite du service et mourut à Pondichéry en 1754, étant capitaine au service de la Compagnie des Indes. Le SHAT conserve un dossier sur un Augustin de Pujol (1727 – 1784), marquis de Pujol, maréchal des camps, gouverneur des ville et château de Ham, reçu chevalier de Saint-Louis en 1745, fils de Jean Pujole, chevalier, baron de la Grave, mestre de camp de cavalerie, gouverneur de Pignettes et Dome, chevalier de Saint-Louis et d’Alexandrine Dalès. Il s’agit certainement d’un cousin des précédents, qui laissa un fils et une fille qui demandèrent une pension au roi n’ayant rien à espérer de la succession de leur père qui laisse beaucoup plus de dettes que de biens. On peut penser que c’est de lui qu’Alexandre Denis Joseph hérita de la baronnie de la Grave.

 

Le prévôt remplissait les fonctions de président du tribunal  civil

et celles des Maires de la ville.

(microfilm de la bibliothèque de Valenciennes)

 

 

Alexandre Denis Joseph de Pujol de Mortry

 

baron de la Grave, etc. , naquit à Valenciennes le 22 décembre 1737 et fut baptisé le 25 suivant à l’église Saint-Nicolas sa paroisse. Il reçut une éducation plus soignée que celle que l’on avait alors généralement coutume de donner aux personnes de sa condition destinées à l’état militaire. Admis de nonne heure parmi les pages de Stanislas, roi de Pologne, duc de Lorraine et de Bar, il eut l’occasion auprès d’un monarque ami des lettres et des sciences, de se perfectionner dans l’étude des arts libéraux pour lesquels il avait des dispositions naturelles toutes particulières. Un nom revêtu d’un titre ne suffisait pas au jeune de Pujol, et déjà il sentait qu’un autre orgueil que celui des parchemins devait faire battre un cœur généreux. Malheureusement il quitta trop tôt la cour brillante et polie de Lunéville : ce fut alors qu’il entra dans le régiment d’infanterie du Dauphin , où on le vit consacrer à l’étude du dessin la plus grande partie des loisirs que lui laissait le service militaire. Il fut successivement enseigne, lieutenant et capitaine. Blessé, ainsi que ses frères, dans la campagne de 1759, à la bataille de Berghen, il revint à Valenciennes dans la maison paternelle, et peu après son rétablissement, il y épousa le 18 décembre 1763, Marie-Louise de Valicourt. De ce mariage naquirent une fille et sept fils qui tous moururent en bas âge. 

 

Alexandre de PUJOL de MORTRY

peint par son fils

Pour peu qu’on ait vécu, on a par devers soi la triste expérience, qu’il est impossible de plaire à tout le monde, et que le moyen le plus infaillible d’ accroître le nombre de ses ennemis c’est d’être en place et d’y vouloir faire le bien (1790)

 

Le 1er octobre 1767, Monsieur de Pujol fut nommé Commissaire ordinaire et provincial des guerres, à la résidence de Valenciennes. Ce poste, en donnant à son état plus de fixité, lui permit de cultiver plus tranquillement son goût passionné pour le dessin. Il ne tarda pas à réussir dans cet art charment et dans la gravure qui y tient de si près, et plusieurs productions dues à son burin furent alors accueillies favorablement du public et sont encore aujourd’hui conservées avec soin dans les cabinets des curieux. On sait que la noblese française était loin de s’enrichir à la guerre. Monsieur de Pujol étant cadet d’une famille toute militaire, avait peu de fortune, et ne dédaigna pas, comme il l’a dit lui même, de tirer ainsi parti du talent dont la nature l’avait doué, pour améliorer sa position dans le monde.

Comme militaire, Monsieur de Pujol reçut la croix de Saint-Louis qu’il avait gagné sur le champ d’honneur ; comme habitant de Valenciennes, il mérita des couronnes civiques pour le bien qu’il fit à sa ville natale. Etant commissaire principal des guerres en Hainaut, il obtint une charge de conseiller du roi. Mais les fonctions qui le rattachent plus particulièrement à cette cité, sont celles de Prévôt de Valenciennes qu’il remplit si dignement depuis le 7 septembre 1782 jusqu’en 1790 où cette magistrature fut remplacée par l’administration municipale.

 

Ce sont les autrichiens occupants qui le placèrent à ce poste en 1793, ce qui lui valut d’être condamné à mort à la Révolution, raison pour laquelle il évita par une fuite prudente l’effet inévitable de l’arrêt de mort lancé contre lui.

 

Aussi longtemps que Monsieur de Pujol tint le gouvernail des affaires, il s’occupa sans relâche de l’embellissement et de la prospérité de la ville.  Pour ne parler ici que des actes les plus remarquables de son administration, nous citerons seulement le beffroi rehaussé et surmonté d’un élégant pavillon ; la halle au blé reconstruite ;  la plus jolie salle de spectacle  du département élevée sur la place ; et surtout l’Académie de peinture et sculpture fondée en 1785 et bientôt affiliée à l’Académie royale de Paris.

En 1787, Monsieur de Pujol fut appelé par le choix de son souverain à faire partie de l’assemblée des notables : nommé membre du quatrième bureau, il y siégea avec distinction sous la présidence de Monseigneur le prince de Condé à qui il dédia sa Galerie historique.

Monsieur de Pujol était dévoué au roi par principes et par affection : en sa qualité de premier magistrat de la ville de Valenciennes, il eut deux fois l’honneur d’approcher Louis XVI, ce qui peut-être vint encore renforcer son attachement sans bornes pour la famille de nos rois. Il ne faut pas s’étonner après cela si on le voit parmi les antagonistes des idées nouvelles qui séduisirent tant d’esprits au commencement de la Révolution. A la fin de 1790, nous le trouvons président de la Société des amis de l’ordre et du bien public, établie à Valenciennes. Mais bientôt l’ordre se changea en désordre, le bien se convertit en mal, et un peu plus tard Monsieur de Pujol se jugeant plus utile à la cause royale crut devoir émigrer : il se réfugia en Belgique et de là en Allemagne. C’est pendant la longue et cruelle épreuve de l’émigration qu’il s’applaudit d’avoir acquis un talent qui le suivait partout et qui fut sa consolation dans les années d’exil qu’il passa éloigné de sa patrie.  Lorsque l’ordre parut succéder à l’anarchie, Monsieur de Pujol se rapprocha de ses foyers et se retira à Mons où il vécut sans éclat. Là, dans le calme de la retraite, il composa son Manuel de l’homme de bien (1802-1807). En 1814 il revint se fixer à Valenciennes, mais alors, affaibli par l’âge et les infirmités, il ne put occuper aucune fonction publique. Au moment où il commençait à respirer sous le gouvernement des Bourbons auxquels il était toujours resté sincèrement attaché, il fut enlevé aux arts et aux lettres le 30 août 1816. Toute la ville assista à ses funérailles, comme s’il se fut agi, pour chacun, de rendre les derniers devoirs à un père sévère. Il avait entrepris une Galerie historique universelle de 1000 portraits dont il était l’auteur à la fois du dessin, de la gravure et du texte mais qu’il  ne termina pas. Dans la préface de ce qu’il en a livré, on peut lire qu’il fut proscrit, dépouillé de ses propriétés, réunies d’ailleurs par les effets désastreux d’un bombardement sans exemple qui avait réduit en cendres sa belle collection de tableaux, un recueil de plus de 30000 estampes, et, avec une bibliothèque infiniment précieuse par le nombre, la rareté, le choix des éditions et la beauté des livres qui la composaient, tous les matériaux nécessaires à l’exécution de sa Galerie Historique universelle.

Il eut pour fils  naturel Alexandre-Denis, qu’il reconnut en 1812.

 

 

 

Alexandre-Denis Abel de Pujol

Artiste peintre, élève de David, prix de Rome en 1830.

Douai, 30 octobre 1785 - Paris, 28 septembre 1861

Le 30 janvier 1785, Marie-Anne De Baralle donnait naissance à un fils, Alexandre-Denis Abel, qui plus tard portera le nom d’Abel de Pujol. Son grand-père, Pierre François Joseph De Baralle, était orfèvre rue Saint-Géry à Valenciennes. A sa mort il laissa deux filles qui se faisaient remarquer par beaucoup d’esprit et de beauté. Avec leur mère, elles vinrent loger sur la place d’Armes, à proximité de l’hôtel de ville. Monsieur de Pujol de Mortry, prévôt de la ville depuis 1782, se rendait tous les jours à l’hôtel de ville. Le voisinage des demoiselles De Baralle retint très vite son attention. Il s’éprit de l’une d’elles, Marie-Anne. Des causeries commencèrent, des relations s’en suivirent et cette intimité de cœur donna naissance le 30 janvier 1785 à un fils naturel, Abel Alexandre-Denis qui fut plus tard Abel de Pujol. Mais la naissance de cet enfant embarrasse Monsieur de Pujol de Mortru qui, outre ses importantes fonctions de prévôt de la ville, était marié depuis le 18 décembre 1763 à Marie-Louise de Valicourt, ce qui explique la déclaration à la paroisse de Douai et sous un faux nom, destinée à camoufler cette naissance inopportune. L’enfant est élevé par sa mère et sa grand-mère avec l’aide financière de Monsieur de Pujol de Mortry. Mais en 1793, ce dernier quitte la ville pour se rendre à Mons. Dès lors le jeune Abel va exercer plusieurs petits métiers. Apprenti ouvrier, puis clerc de notaire, il passe ses journées à griffonner au grand désespoir de ses employeurs, mais surtout de sa famille. C’est monsieur de Momal, professeur de l’Académie de dessin et peinture, qui lui donnera sa chance. Titulaire de la médaille d’or de l’Académie, il part à Paris où il se présente à David, muni de lettres de recommandations de Momal et de Pujol de Mortry. Il revient ensuite à Valenciennes, le temps de passer le conseil de révision, puis repart pour Paris. En 1810, le jeune Abel obtient une médaille d’or au Salon et l’année suivante le premier Grand Prix de Rome. De nouveau le problème de ses origines va resurgir. Pour être admis à jouir des privilèges attachés au titre de pensionnaire du gouvernement à l’école de Rome, Abel doit produire des pièces authentiques attestant sa qualité de sujet français. Un jugement du tribunal de première instance du Valenciennes autorise en 1811 son inscription sur les livres de l’Etat Civil. Sa mère, Marie Anne De Baralle le reconnaît enfin et Monsieur de Pujol de Mortry l’autorise à porter son nom. Le jeune Abel devient Abel de Pujol, fils adoptif de Pujol de Mortry, baron de la Grave.

 

 

                                         autoportrait (1806)    

          autoportrait (1812)

 

On lui doit la décoration de nombreux édifices (L'Egypte sauvée par Joseph - plafond au musée du Louvres, La loi salique - décor du salon Pujol de l'Assemblée Nationale, plafonds de l'école des Mines de Paris ...) ainsi que de nombreux tableaux exposés dans plusieurs musées (musée du Louvre, musée des Augustins à Toulouse, musée de La Rochelle, musée des beaux-arts de Valenciennes, musée des beaux-arts de Troyes, musée national du château de Versailles ...)

Il eut un fils : Auguste-Alexandre, qui suit

 

 

Alexandre Denis Abelde Pujol

Dessin de François Joseph Heim

Musée du Louvre

 

Auguste-Alexandre Abel de Pujol

Artiste peintre, chevalier de la Légion d’Honneur

Paris, 1817 – La Rochelle, 2 janvier 1884

Il a épousé Magdelaine Louise Elise FORT[1], dont il eut Louise, qui suit.

 



Auguste Alexandre Abel de Pujol

Collection privée Bougrain-Dubourg

 

 

 

Louise Adèle Lucie Abel de Pujol

La Rochelle, 3 juillet 1852 – La Rochelle 25 avril 1917

Louise a épousé Alfred, frère de notre aïeul Auguste Bougrain.

Ils habitaient au 3 rue Saint-Léonard à La Rochelle.

 

Louise était la petite fille de Louise Adèle WEISS, d’une famille appartenant à la vieille noblesse autrichienne[2]. Elle portait : au premier d’or à la fasce d’azur chargée de 3 roses au naturel, au deuxième de gueules au lion d’argent grimpant lampassé et armé. On trouve que Nicolas et Emmanuel WEISS s’établirent à la Rochelle au commencement du XVIIIè siècle pour y faire le commerce. Vers 1740 ou 1741, Emmanuel demanda au roi la permission de s’intéresser dans les expéditions de mer, ce qui lui fut accordé par lettre de l’amiral du 18 janvier 1742. Nicolas, qui avait été membre du grand conseil de Bâle, décéda sans postérité avant 1799. Avec son frère Emmanuel et quelques autres négociants, ils fondèrent en 1751 une Chambre d’assurance maritime, dont Emmanuel fût le contrôleur, et, en 1762, lors de l’établissement en cette généralité d’une société d’agriculture dont il fut l’un des principaux membres. De 1779 à 1790, on trouve Nicolas et Emmanuel Weiss armant des navires : la Suzanne, le Treize Cantons, la Jolie Henriette de Ribeaucourt, l’Iris, l’Elise, le Nouvel Achille, le Rochelais, le Réparateur, la Ville de Bâle, à destination des Indes, de la Guinée et de Saint-Domingue, en faisant un commerce important. Emmanuel WEISS, né à Bâle (Suisse) épousa Carnélia Adamina, fille de Conrad van Schellbeck, d’une famille hollandaise établie à la Rochelle. Ils eurent cinq enfants :

·        Anne Marie, qui épousa à la Rochelle le 4 mars 1765, Jacques Allard[3] Belin, qui fut capitaine d’infanterie à Saint-Domingue.

·        Marguerite Madeleine, qui épouse à la Rochelle suivant contrat du notaire Crassous, du 19 août 1768, Louis FORT, consul de Prusse.

·        Jérémie Marc, qui fut négociant à Bordeaux

·        Comédie Julie

·        Conrad Achille, écuyer, seigneur du Gontières, qui après avoir été capitaine au régiment Bâlois de Ehinger, s’établit négociant à la Rochelle où il avait une maison de commerce qui y tenait le premier rang, tant dans les armements que dans les exportations de denrées coloniales. Il y avait acquis une fortune considérable, que le remboursement des assignats, les lois révolutionnaires sur les réquisitions et enfin la subversion de Saint-Domingue, lui ont fait perdre en majeure partie. Le 11 juin 1786, il fut nommé consul de sa Majesté impériale et royale de Prusse, pour la Rochelle, Rochefort et l’île de Ré, position dont il se démit en 1792, par suite des circonstances dans lesquelles on se trouvait, ce qui lui valut de la part du corps-de-ville de la Rochelle des éloges mentionnés sur le registre des délibérations[4]. Après le 9 thermidor 1796 il transféra son domicile à Paris, tant pour parachever l’éducation de ses enfants, que pour former, avec les débris de sa fortune, une maison de banque et de commerce dans cette capitale où il espérait réparer ses pertes. Il épousa à la Rochelle le 8 décembre 1773, à l’église réformée, Elisabeth Baussan[5] qu’il perdit le 12 juin 1775, âgée de 21 ans, lui ayant donné Emmanuel Jean[6], né à la Rochelle le 26 octobre 1774 et mort célibataire en cette même ville. Conrad Achille étant veuf avait épousé, suivant contrat de Crassous du 27 décembre 1776, Jeanne Madeleine, fille d’André Bernon et de Madeleine Henriette Rasteau, dont il eut neuf enfants parmi lesquels Louise Adèle, qui épousa Candice FORT, et lui donna Magdelaine Louise Elise, mariée à Alexandre ABEL de PUJOL, et mère de Louise Adèle BOUGRAIN.

 

 

 

 

 

 



[1] Fille de Candice FORT et Louise Adèle WEISS

[2] Un des ayeux fut annobli à Vienne par l’empereur Ferdinand en 1591.

[3] Fils d’Allard-Elie Belin, ancien directeur de la Chambre de Commerce, et de Marguerite Rasteau

[4] La famille possède un médaillon représentant l’empereur Joseph II, au dos duquel est porté l’inscription Sa majesté l'empereur d'Autriche Joseph II. Donné par lui même à Mr de Weis, consul de l'empereur à la Rochelle

[5] Fille d’Abraham Jean Baussan et Elizabeth Perdriau

[6] s’établit négociant et fut élu à la Chambre de Commerce le 22 mai 1816. Installé le 10 août, il siégea comme membre jusqu’au 26 août 1829 et fut appelé à la vice-présidence[6], fonction dans laquelle il demeura jusqu’au 16 mai 1826. Réélu membre de cette compagnie en 1827, son élection ne fut pas maintenue car il ne voulait pas se faire admettre sujet français.