Marchands de fil à Gorron
Plusieurs cadets, qui ne furent pas prêtres comme nombre de leurs frères, se lancèrent dans l’industrie textile et furent marchands de fil.
L’industrie textile en Mayenne est très ancienne et a été vraiment organisée par Béatrix de Gavere (Gâvre), dame héritière de Gâvre, Orcheghem et Porhem, terres situées en Flandre,
qui a épousé en 1286,
Guy IX, comte de Laval, dont les Bougrain du XXème siècle descendent par le
mariage en 1909 du général Gabriel Bougrain avec Yvonne O'Mahony, descendante en ligne directe de ce couple.
Beatrix fit venir des Flandres des ouvriers tisserands qu'elle fixa à Laval. Ceux-ci introduisirent ou perfectionnèrent la technique du tissage de la toile.
Elle apprit aux habitants à cultiver et à travailler le lin qui croissait spontanément dans la région. Laval ne tarda pas à rivaliser avec les villes
les plus commerçantes. Sa renommée fut bientôt rendue fameuse par la qualité de ses toiles. Les marais qui entouraient la ville cédèrent la place à cette
nouvelle industrie. Pour loger ouvriers et marchands, de grands faubourgs se construisirent. Les bords de la Mayenne se couvrirent de blanchisseries.
L'art textile représentait déjà l'activité principale de l'économie locale.
La toile de lin blanchie sur les vastes prairies des bords de la Mayenne — dont le commerce se faisait jusqu'aux Amériques — apporta richesse et prospérité à
la cité jusqu'au XVIIIe siècle. L’Espagne constitue alors le marché le plus important pour les toiles lavalloises. Deux fois par an, une flotte colossale,
chargée à la fois de ravitailler les colons et de rapporter argent et denrées coloniales, fait le voyage de Cadix (qui possède le monopole du commerce
avec les colonies d’Amérique jusqu’en 1765) à Carthagène, Porto Bello et Vera Cruz. De nombreux négociants français, lavallois en particulier, installés
aux quatre coins de l’Espagne, achètent et expédient des toiles vers Cadix et la Nouvelle-Espagne. Ils achètent en retour des produits du Brésil et
des Antilles, qui viennent alimenter les marchés espagnols et français.
C’est donc aux XVIe , XVIIe et XVIIIe siècles, que l’industrie du lin connaîtra son véritable essor et fera la fortune des marchands et de la bourgeoisie
qui l’investit, au XVIIIe, dans de somptueux hôtels particuliers.
Le premier Bougrain connu dans cette industrie, est Michel Bougrain, bourgeois de Gorron, marchand de fil, mort le 7 juin 1627, fils de Michel Bougrain Cocquerie.
Il avait eu 3 fils de son mariage avec Jeanne Fourmy. Nous ne savons ni comment prospéra l’affaire ni si ses fils lui succédèrent.
Un siècle et demi plus tard, nous retrouvons dans cette même ville de Gorron et avec le même métier, Augustin Bougrain-Dubourg, puis son fils Augustin.
Cette période fut sans nul doute très prospère pour notre famille.
La fabrication des tissus de coton fit son apparition à Laval en 1764, époque à laquelle un imprimeur d’indienne suisse y établit une fabrique de mouchoirs
et de toiles peintes qui eut une certaine importance. Quelques années plus tard, en 1775, se créait une teinturerie et un atelier de filature de coton pour
la fabrication de mouchoirs, à l’imitation de ceux du Béarn, moitié fil et moitié coton. Les tissages de siamoise, mouchoirs, calicots etc… se firent à
une plus grande échelle au fur et à mesure que l’industrie de la toile diminuait. La première filature de coton fut créée en 1812, la seconde en 1814, et
en 1855 la manufacture de Laval comptait quarante fabricants parmi lesquels six exposaient à Paris. La filature de coton de développant, l’usage de ce tissu,
plus souple et recevant mieux la teinture, se substitua de plus en plus à celui du lin qui reprit cependant momentanément le dessus durant la guerre de Sécession,
mais que la découverte des nuances grand teint et la transformation du tissage mécanique finit par faire délaisser en grande partie.
A partir du XIXe siècle la culture du lin est donc progressivement abandonnée et ce déclin explique pourquoi les fils d’Augustin Pierre ne restèrent pas
dans cette industrie.
Les métiers des Bougrain dans cette industrie textile sont imprécis. Dans les divers actes concernant Augustin Bougrain (père et fils), on retrouve les
professions de marchand, marchand de fil, commerçant en fil, filassier, fabriquant … Il semble donc qu’ils aient été dans les métiers du fil et non pas dans
ceux de la toile. Sauf si le terme de fabricant concerne la toile comme la tradition orale, le précise : Augustin avait hérité de son père Michel d'une
fortune importante constituée de propriétés agricoles. Cette fortune s'est accrue de par son mariage sous l'empire. Le blocus continental de 1806 (ports
européens fermés aux navires anglais) avait stoppé l'importation de toiles venant d'Angleterre en particulier pour les moulins. S'étant marié à Gorron,
où il disposait ainsi de vastes bâtiments, il eut l'idée de créer une usine de filatures de toiles et devint "marchand de toiles". Trouvant que la production
locale était périmée, il alla en Angleterre et y acheta les premiers métiers à tisser qui lui permirent de faire de la toile beaucoup plus solide, notamment
pour la marine et en quantités très supérieures à la production locale. Sa réussite fût immédiate et les revenus générés s'ajoutèrent à ceux issus de la gestion
de ses propriétés agricoles. Ses revenus, considérables pour l'époque, lui firent entretenir des rapports privilégiés avec la banque Piednoir à Laval (son petit
fils Auguste épousera Marguerite Lelièvre, petite fille de Louis Piednoir).
Il est probable que c'est à l'occasion de son mariage qu'Augustin Bougrain-Dubourg, qui habitait Vaucé distant de 10km, s'est établi à Gorron où ses beaux-parents Gesbert
résidaient. Il est amusant de voir dans les registres d'Etat civil de l'époque qu'à peine mariés, Françoise Gesbert entame une procédure de divorce par consentement mutuel pour incompatibilité d'humeur. Mais Augustin s'y oppose et la procédure n'aboutit pas [ndlr ; on divorçait énormément à l'époque et ce n'est qu'en 1804 que le Code civil va revenir sur les excès de la loi de 1792 sur le divorce].
Augustin avait hérité de son père Michel d'une fortune importante constituée de propriétés agricoles. Cette fortune s'est accrue de par son mariage sous l'Empire. Le blocus continental de 1806 (ports européens fermés aux navires anglais) avait stoppé l'importation de toiles venant d'Angleterre en particulier pour les moulins. S'étant marié à Gorron, où il disposait ainsi de vastes bâtiments, il eut l'idée de créer une usine de filatures de toiles et devint "marchand de toiles". Ayant pris les machines à tisser les plus modernes, sa réussite fût immédiate et les revenus générés s'ajoutèrent à ceux issus de la gestion de ses propriétés agricoles. Ses revenus, considérables pour l'époque, lui firent entretenir des rapports privilégiés avec la banque Piednoir à Laval (son petit-fils Auguste épousera Marguerite Lelièvre, petite fille de Louis Piednoir). Note de Patrice Bougrain-Dubourg
Le couple eut cinq enfants :
- Auguste, né le 11 octobre 1804 (20 vendémiaire an XIII) et mort au berceau le 8 novembre suivant (17 brumaire). Dans son acte de décès, Augustin Bougrain et Pierre Gesber sont dits "fabricants" (Voir extrait des registres NMD de Gorron 1804-1806 - vue 7/122) ;
- Françoise Julienne Perrine, née à Gorron le 7 mars 1806, sera religieuse à Arquenay dans la Mayenne sous le nom de sœur Dubourg ;
- Jeanne Marie, née à Gorron le 14 juillet 1808, décédée le 23 février 1858 à Châtillon-sur-Colmont, mariée le 17 juillet 1827 à Gorron avec Aimable Mottin (1796-1853), d'où 2 enfants ;
- "Augustin" Pierre, (Gorron 24/10/1810 - Gorron 24/05/1875) qui va créer une calicoterie à Gorron ;
- "Arsène" Louis Jean Bougrain-Dubourg (Gorron 15/06/1813 - Paris 25 juillet 1874) prêtre, ancien vicaire à la cathédrale de Laval, ancien aumônier de Sainte-Anne à Paris et curé de la Salpetrière à Paris, mort dans sa 81ème année à Paris, enterré à Laval dans la concession de famille. Il avait une réputation d'orateur exceptionnel. ;
- Pascal Pierre (Gorron 16/04/1816 - Gorron 07/06/1882), épouse Hyacinthe GUERRIER. Il est enterré au cimetière de Gorron.
Augustin-Pierre, Pascal-Pierre et Arsène
dessinés par Louis Piednoir (grand père de la femme d'Auguste, fils d'Augustin-Pierre)
Le premier recensement général de la population en France eut lieu le 26 floréal an VIII (16 mai 1800, sous l'autorité de Chaptal alors ministre de l'intérieur.
Les recensements actuellement consultables aux Archives Départementales de la Mayenne sont ceux des années 1836, 1841, 1846, 1851, 1861, 1866, 1872, 1881, 1886, 1891, 1896 et 1901.
Nous en tirons certains renseignements intéressants concernant les Bougrain vivant alors à Gorron.
Recensement de 1836
Les Bougrain habitaient au Gué Guiard (bas de la rue du Pré) comme l'indique l'acte de naissance d'Arsène en 1813.
Le recensement de 1836 à Gorron montre que la famille Bougrain (page 21) était alors composée d'Augustin (il est alors âgé de 59 ans et n'a pas de profession mentionnée), de Françoise, son épouse, fileuse, de leurs fils Augustin, militaire (il a alors 26 ans), Arsène, étudiant (il a alors 23 ans), et Pascal (qui a 20 ans).
Le recensement de 1841 à Gorron montre également 5 personnes vivant quartier du Gué Guiard - rue de Brécé (chemin de Gorron à Brécé sur le cadastre) pour la famille
Bougrain (page 2), mais Arsène n'y figure plus (ordonné prêtre le 18 juin 1837, il est vicaire à Marçon dans la Sarthe), alors que la jeune épouse d'Augustin (Lelièvre Véronique) y figure. Augustin (père), Augustin (fils) et Pascal ont pour profession "fabriquant". Les âges ne sont pas mentionnés.
Cadastre de 1832 montrant les quartiers du Gué Guyard (1) et du Pont de Hercé (2)
Le recensement de 1846 à Gorron montre qu'Augustin fils prend son indépendance et va s'établir, sous le nom Dubourg avec son épouse et leurs deux enfants au Pont de Hercé : Augustin, marchand, âgé de 35 ans, Véronique Lelièvre, sa femme, âgée de 32 ans, Augustin, leur fils, âgé de 3 ans et Alfred, idem, âgé de 27 mois (page 16). La famille Bougrain (page 1) toujours au Gué Guiard, ne compte plus que 3 personnes: Augustin, marchand, Françoise Gesbert, sa femme, et Pascal, leur fils. Les âges sont respectivement 70, 66 et 30 ans.
Deux vues de la rue du Pont de Hercé, la 2e étant juste après le pont, en remontant vers le centre-ville
On trouve d'autres Bougrain à Gorron à cette époque : en 1850, le 7 avril décède en sa demeure de la Brimandière à Gorron une Françoise Bougrain, veuve de Michel Fleury,
âgée de 69 ans, née à Les Bois de Jacques Bougrain et Marie Barré. Sa sœur Jeanne, fileuse, épouse de François Couillard, née à L'Espinay-le-Conte, est décédée au Ponceau
le 19 mai 1852 âgée de 63 ans. Mais il s'agit là des Bougrain de l'Orne.
Le recensement de 1851 (page 2) compte 4 personnes chez les Bougrain au Pré : Françoise Gesbert, veuve Bougrain (Augustin est décédé en 1849), propriétaire au Pré, Pascal Bougrain, marchand, et Virginie Mollain, petite fille Gesbert, sans profession. Au pont de Hercé (page 52) habitent toujours Augustin Bougrain, marchand de fil et Véronique Lelièvre, sa femme, tous deux âgés de 40 ans. Les enfants Auguste (7 ans) et Alfred (6 ans) n'y sont pas mentionnés car ils sont recensés au collège (par la suite les élèves externes seront recensés à leur domicile).
Le nom de la rue varie d'un recensement à l'autre : quartier du Pré, rue du Gué Guyard, Le Pré, rue de Brécé, rue du Moulin Péret .
Ayant sans doute reçu l'héritage de leur père décédé en 1849, les frères Bougrain investissent à Gorron. Arsène, alors vicaire à Laval, achète des terrains près du
Champ de Foire, mis à la vente par les Fleury, suite à leur faillite. Il fait construire un bâtiment au coin de la place du Champ-de-foire et de la rue d'Ambrières,
qu'il revendra en 1853 (Hôtel du Champ de Foire) et Augustin fait construire un bâtiment attenant à celui de son frère, qu'il louera, en 1853 également, à la préfecture pour
en faire la gendarmerie. Pascal, quant à lui, a conservé la ferme du Gué Guiard.
La rue d'Ambrières et le Champ de Foire ont été créés vers 1851,
La maison de gauche a été construite vers 1853 par l'abbé Arsène Bougrain-Dubourg qui l'a vendue en 1861 à François Courteille qui en fit l'hôtel du champ de Foire.
Dans la rue d'Ambrières (image de droite),
le bâtiment attenant à l'hôtel (avec le drapeau) est la gendarmerie, qui appartenait à Augustin.
Une cour et un jardin se trouvaient à la suite avec sortie sur la rue des Portes.
Les bâtiments des frères Bougrain de nos jours
Anneau rouge : Emplacement des bâtiments des frères Bougrain de nos jours
La rue d'Ambrières, après de Magenta (1861) puis du Champ-de-foire, est maintenant Corbeau-Paris
Anneau doré : la ferme du Pré
Le recensement de 1856 (page 14) montre que Pascal Bougrain, 40 ans, laboureur, vit avec sa mère Françoise Gesbert, veuve Bougrain, 75 ans, rentière, rue du Guéguiard avec le pré. Il montre aussi que les Bougrain fils ne sont plus présents dans le quartier du pont de Hercé mais habitent rue d'Ambrières (page 17). On y trouve Augustin, 45 ans, marchand de fil, Véronique Lelièvre, 46 ans, sa femme, Auguste et Alfred, leurs enfants âgés de 13 et 11 ans. Il ne s'agit pas du bâtiment abritant la gendarmerie, mais ce doit être le n°20 où il a une calicoterie.
Le 28 novembre 1859, Augustin écrivait à sa sœur, religieuse à Arquenay et qui signe "sœur Dubourg" : Je suis affligé d'avoir à t'écrire çà notre mère
est bien malheureuse chez elle ; nous lui avons dit bien des fois de venir chez nous, elle est venue quelque fois mais elle est toujours rattirée vers la maison où elle a toujours
vécu ; elle est presque toujours sur le nuit et jour, à son âge
c'est bien triste ; nous avons pensé que toi qui es l'aînée de la famille tu pourrais bien aussi t'occuper d'elle et lui trouver autour de toi ou la placer comme il faut ; la famille ne fera point de difficulté pour
payer ce qu'il faudra ainsi nous pouvons rien faire de nous même comme n'étant qu'une sainqueme (cinquième) partie de la famille et que je suis bien ?. Tu réfléchiras à cela et tu me feras réponse dans peu de temps. A Dieu ma sœur.
Lettre d'Augustin à sa sœur
Cette sœur écrit sur le même sujet en mars 1860 à son autre frère, Arsène :
Un enfant chassé de la maison de son père par une porte en a deux pour y rentrer. Jamais je ne me suis attendue à une semblable conduite non seulement à mon égard mais à l'égard de notre mère. Ce n'était pas l'intention de notre père, il avait cru l'exempter d'avoir à tendre la main à des enfants dont il prévoyait l'ingratitude. La voilà dépouillée, il ne lui reste que ce qu'on n'a pu lui ôter. C'est odieux je le dis. Quant à moi si tu veux le tirer des frais qui sont indispensables d'après votre conduite viens me donner une assurance de 3030 f suffit aussi pour satisfaire aux frais qu'on m'a fait faire et 3000 f seront pour que notre mère en ait la jouissance, ou si mieux elle aime, elle aura 1000 f de suite. Voilà mon intention puisque tu veux le savoir.
Ma mère trouvera en moi un cœur d'enfant et puis je remplirai les intentions de notre père défunt à quoi je tiens. Si tu approuves mon intention, tu peux venir quand tu voudras d'ici quinze jours et je te remettrai ma procuration si elle te convient. Elle te permettra de faire des frais ou de n'en pas faire, et d'éviter un scandale qui tombera sur ceux qui le mériteraient. Je ne compterai plus sur toi après Pâques .
En attendant je suis ta sœur.
Et Arsène s'en ouvre à son frère Augustin en ces termes : Cher frère, je viens de recevoir cette lettre de notre sœur. Tu vas la voir et bien les réfléchir pour me faire
et me dire ce qu'il faut faire sur ce qu'elle me demande .
Françoise Gesbert, leur mère, décèdera chez elle le 30 mai 1863 ...
Le recensement de 1861 (page 38) montre que Pascal, qui se fait appeler Dubourg, 44 ans, marchand de fil, vit rue de Brécé (sans doute actuelle rue du Maine), avec Françoise
Gesbert, veuve Dubourg, sa mère âgée de 82 ans, et Madelaine Gehan, âgée de 40 ans. Dans la rue Magenta (page 44) nom qui a remplacé la route d'Ambrières, habitent
Augustin Dubourg, marchand de fil, 50 ans et Véronique Lelièvre, sa femme, 51 ans. Les enfants Auguste et Alfred ne sont plus recensés à Gorron. On notera qu'Augustin,marchand de fil, faisait parti du "jury d'expropriation pour cause d'utilité publique" du
canton de Gorron.
Le recensement de 1866 (page 2) montre que dans la rue Magenta habitent Augustin Bougrain, propriétaire, 56 ans, Véronique Lelièvre, sa femme, 51 ans, Alphonse Lelièvre, son neveu de 17 ans et Mélanie Betton, une couturière de 41 ans. Pour la rue de Brécé (page 58) nous avons Pascal Bougrain, propriétaire laboureur, âgé de 48 ans
Le recensement de 1872 (page 25) montre que rue Magenta, quartier du château, habitent Augustin Bougrain, rentier, 62 ans, Véronique Lelièvre, sa femme, 62 ans, née à Désertines, Alphonse Lelièvre, leur neveu de 23 ans, clerc de notaire né à Désertines. Il n'y a plus de Bougrain rue de Brécé.
L'abbé Bougrain meurt à Paris en 1874. Augustin et Véronique décèdent tous deux en 1875. Seul Pascal vit encore et est toujours à Gorron comme l'indique
le recensement de 1876 : Pascal Bougrain et sa femme Hyacinthe Guerrier sont recensés comme laboureurs propriétaires à la ferme du Pré. En 1881, Pascal y est toujours,
mais il est veuf. Il suivra sa femme dans la tombe l'année suivante et après son décès en sa demeure sise rue du pré, il n'y a plus de Bougrain à Gorron ...
Augustin vivait encore en 1859 comme nous l'indique une lettre écrite à sa sœur le 28 novembre :
La signature de Pascal Bougrain Dubourg
Les tombes d'Augustin (à gauche) et de son épouse Véronique Lelièvre (à droite)
sur celle d'Augustin est gravé : "Ici repose le corps d'Augustin Dubourg décédé le 24 mai 1875 dans sa 65ème année"
Sont également enterrés dans ce cimetière : Augustin père et Françoise Gesbert, son épouse, Pascal et son épouse.
Josselyne Dloussky dans son livre Vive la Toile précise également qu’on reprochait depuis longtemps aux filassiers une grande désinvolture dans leur travail, les accusant surtout de laver le fil avec diverses mixtures pour les teindre, au lieu de les faire blanchir. Assemblés en paquets de six livres, les fils sont alors vendus sur les marchés où l’achètent les tisserands. Leclerc de Flécheray juge que sur ces marchés il ne se trouve pas plus de friponnerie. C’est à qui s’entre-trompera soit au poids, soit à la qualité du fil qu’on vend teint, engraissé, mouillé, non curé ni blanchi afin qu’il pèse d’avantage. Il n’y a point de police dans ces pays là contre les gros marchands de fil dont il y en a de riches qui font tout plier sous eux. Les marchands de fil vulgairement appelés cancers, ne font autre métier que d’aller de paroisse en paroisse acheter des fils en écru, c'est-à-dire non lessivés, dont il font magasin et après l’avoir mis dans la lessive et donné les façons nécessaires, ils les portent par voie de terre aux marchés. Ceci explique que les marchands de fils possèdent de véritables entrepôts chez eux. Ils ne se contentent pas du commerce du fil, mais possèdent aussi de nombreux biens fonciers. Le fil, ainsi préparé, arrive enfin dans les mains de ceux qui font la toile, c'est-à-dire les ouvriers et les maîtres fabricants. Bien au dessus d’eux, et les regardant de haut, les marchands négociants, associés aux blanchisseurs, constituent le sommet de la hiérarchie du textile.