Les combats de la 2ème DLM

 

 

INTRODUCTION

 

J'ai été tout à fait surpris, de constater combien l'opinion publique était ignorante des événements militaires de cette dernière guerre et combien fausses étaient la plupart des légendes qui sont propagées à son sujet. Je n'ai aucunement l'intention de faire une critique des opérations et de rechercher les causes de notre défaite.

Mon but est de rapporter impartialement l'histoire de la 2e Division Légère Mécanique que j'ai eu l'honneur de commander, en rendant ainsi un dernier hommage aux unités et aux hommes avec lesquels j'ai combattu du premier au dernier jour et auxquels je reste attaché par les liens d'une profonde et reconnaissante affection.

Je suis bien certain que d'autres unités de l'Armée française se sont admirablement battues, dans des conditions particulièrement dures et difficiles, mais si je ne parle ici que de ma division, c'est que je la connais bien et que je n'écris rien qui ne soit absolument exact.

Toutes les missions qui lui ont été confiées ont été intégralement remplies; jamais, elle ne s'est repliée, sans en avoir reçu l'ordre ; jamais un Allemand n'est passé là où elle se trouvait. Je m'en rapporte aux témoignages de mes chefs et de ceux des unités allemandes qui ont combattu en face d'elle.

Il ne m'a pas été possible de citer des actes de bravoure individuels; ils auraient été trop nombreux et il m'eût été difficile de faire un choix parmi eux. Nous formions un tout, qui n'avait qu'un corps et une âme et les efforts de chacun se concentraient vers un même but: l'accomplissement de la mission qui nous était confiée. Les blessés eux-mêmes ne songeaient qu'au moment où ils pourraient rejoindre leurs unités.

L'ennemi contre lequel nous combattions était brave, fanatisé, et il s'est toujours loyalement battu, mais ses moyens étaient de beaucoup supérieurs aux nôtres, il sera même probablement surpris lorsqu'il apprendra la faiblesse de ceux que nous lui avons opposés dans certaines rencontres particulièrement sévères.

Nos pertes, bien que trop lourdes, surtout en officiers, ont été relativement légères si on les compare aux épreuves que nous avons subies. Le matériel, trop rare, et que nous ne pouvions remplacer, était réparé, souvent sous le feu de l'ennemi.

Puisse cette lecture, pour ceux qui voudront bien l'entreprendre, être un réconfort et un espoir. Les hommes qui se sont battus, courageusement, sans aucune défaillance, malgré les fatigues, sans pouvoir bénéficier du moindre repos, sans se laisser jamais décourager, sont les égaux des plus magnifiques soldats de notre Histoire, Leur moral élevé et leur sentiment du devoir, ainsi que leur amour de la patrie, ne les ont jamais abandonnés; ils ne les abandonneront pas, au lendemain de la défaite, et c'est là le plus sûr gage du redressement de notre France.

A vous tous, mes anciens et fidèles compagnons de la 2e D.L.M., après avoir salué nos morts glorieux, je dis : courage, espoir et merci.

 

Général de division Gabriel Bougrain